Le froid des cœurs
Je préfère cent fois la morsure du froid
L'hiver déploie son voile aux confins de la terre,
La bise glaciale souffle son chant austère,
Mais dans cette froidure où gémissent les vents,
Je trouve plus de vie qu'en vos regards mouvants.
Vos âmes sont de glace, indomptables bastions,
Où meurent les élans de toutes les passions,
Tandis que sous la neige, une fleur endormie
Préserve en son sein d'or l'espérance infinie.
Le givre sur les branches dessine des dentelles,
Dans l'air volent encor des flocons en parcelles,
Quand vos cœurs endurcis, plus froids que les hivers,
Refusent d'accueillir la chaleur de mes vers.
La nature en son gel promet des lendemains,
Où les bourgeons naîtront au creux de ses jardins,
Mais vous restez figés dans votre solitude,
Plus glacés que janvier, emplis de lassitude.
Je préfère cent fois la morsure du froid
Qui pince et qui rougit mes doigts transis d'émoi,
Que cette indifférence en vos regards gravée,
Qui tue chaque espoir d'une âme retrouvée.
Le printemps reviendra, les glaces fondront toutes,
Les ruisseaux chanteront le long de notre route,
Mais en vos cœurs scellés par d'éternels frimas,
La chaleur d'autrefois ne refleurira pas.